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Adolescente, je passais mon temps libre à flâner dans une propriété à l’abandon de mon quartier, à Croix, près de Lille dans les Hauts-de-France (59). La végétation avait repris ses droits en abondance au pied des façades de cette villa monumentale et la colonisait au fil du temps. Je passais des heures à l’explorer et à imaginer comment la vie pouvait être quand elle était habitée par la famille commanditaire du projet.

Mon ressenti était une profonde tristesse de voir un tel ouvrage vide de sens et qui s’effritait au fil des mois. Du haut de mes 12 ans : « Un jour, je la sauverais ! »

Je ne le savais pas encore, mais une vocation était née à cet instant précis dans cet endroit inspirant.

Quelques années plus tard, je commençais mes études à l’école d’architecture de Lille (ENSAPL).

Les projets de logement et l’art d’habiter étaient un thème de prédilection. De tous les programmes, celui qui crée de l’affect, qui fait partie intégrante de nos vies, retenait le plus d’engagement de ma part.

Cette villa, dans laquelle j’ai plaisir à revenir lors de mes retours aux sources dans le Nord, est la villa Cavrois construite par Robert Mallet-Stevens en 1932.

De style moderniste, elle fut enfin classée au titre des monuments historiques en 1990 après 20 années d’abandon. Elle fut rachetée par l’état en 2001 avant une longue période de restauration extérieure et intérieure, où tout a été remis en état d’origine, y compris avec le mobilier quand il a pu être retrouvé après des années de pillage.

Les travaux ont été achevés par le réaménagement des 8 hectares de parc et la villa fut enfin ouverte au public en 2015.

J’ai suivi cette campagne de restauration de près tout en étant déjà sur Marseille.

Mon émotion à été vive quand je suis revenue la voir après la fin des travaux. Je la voyais enfin comme je l’imaginais lors de mes urbex d‘adolescente. Elle avait repris vie.

Je ne l’ai pas sauvée, mais elle a fait de moi une architecte.